
L'ostéopathie
Qu'est-ce que l'ostéopathie ?
L’ostéopathie est une méthode de soin qui se destine à toutes et tous. Elle se base sur trois grands principes :
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Un organisme vivant possède une capacité innée à entretenir un état de santé optimal. Trouver la santé plutôt que combattre la maladie : accompagner votre vitalité au service de la régulation des mouvements de votre corps et par conséquent, de la régulation de vos douleurs et troubles.
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Toutes nos fonctions, organes et parties sont interdépendants et en communication. Lorsque nous sommes en unité, notre vitalité s’exprime au mieux. Quel que soit le problème qui est ressenti, celui-ci devra être observé, réfléchi et traité en prenant en compte l’ensemble des fonctions corporelles.
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Les mouvements des structures du corps sont à l’image de la bonne expression de leur physiologie.
L’ostéopathie a été fondée aux Etats-Unis au XIXème siècle, par Andrew Taylor Still, un homme qui fût élevé et qui vécut dans la nature grandiose et sauvage de l’ouest américain. Fort de son ingéniosité, de sa curiosité et de son discernement, il a bravé les évidences médicales de l’époque afin de s’ancrer dans une vérité immuable : l’anatomie.
Petite histoire de L'ostéopathie
Il était une fois… dans l’Amérique du Far-West.
Pour bien vous projeter dans l’époque, je vous invite à visualiser l’époque de la série « La petite maison dans la prairie ».
Un jeune américain est élevé dans une famille de fermier dont le père était aussi pasteur méthodiste et médecin. Les conditions de vie sont rudes pour les pionniers à la conquête de l’Ouest américain. Ils ont peu de matériel et sont isolés de la modernité de la côte Est et de l’Europe. La nature sauvage et vierge est l’environnement de ce jeune garçon.
La médecine de l’époque ne connaît ni l’asepsie (désinfection), ni les microbes. Les médicaments sont inexistants. Les médecins n’ont pas de formation organisée et réalisent encore des saignées. Les « pionniers » préfèrent utiliser des remèdes familiaux de fortune ou bien issus de la culture des Indiens.
Dans son jeune âge, A.T. Still apprendra à vivre avec la nature et suivra son père dans ses activités de médecin auprès de tous, notamment aussi des Indiens Shawnees. Brassage des cultures.
Devenu adulte, il commence sa vie de famille en étant fermier. Réfléchir, inventer, ajuster… il déposera quelques brevets de mécanisation pour l’agriculture et continuera la médecine archaïque de l’époque tout en étudiant l’anatomie en réalisant de nombreuses dissections.
Durant la guerre de sécession, il sera engagé politiquement dans le camp des anti-esclavagistes d’Abraham Lincoln mais aussi en étant médecin et chirurgien sur les champs de bataille. Une nouvelle fois, il approfondi sa connaissance du corps humain mais constate les échecs de la médecine.
Après-guerre, une nouvelle impuissance à soigner le frappera lors d’une épidémie de méningite qui tuera quatre de ces huit enfants. Les études de médecine qu’il entrepris ne le satisfirent guère et il constatera que les zones dénuées de médecin ont une mortalité moindre. Il abandonnera définitivement la médecine traditionnelle.
En juin 1874, ses connaissances, intuitions et son ingéniosité se rejoignent. A 46 ans, il définit de façon claire l’ostéopathie. Pendant 10 ans, il expérimente de façon itinérante cette nouvelle méthode de soin. Il sera diabolisé par les médecins et l’église. Face à toutes ces médisances, il n’aura qu’un seul argument « anatomie, anatomie, anatomie ». Voici la seule chose qui ne puisse être discutée : une bonne construction maintien une bonne fonction. Entretenez votre réseau de communication (vasculaire, neurologique, lymphatique) et votre mécanisme sera respecté.
Ses résultats entrainant une notoriété grandissante, il formera tout d’abord ses fils pour l’épauler. Puis en 1894, il fonde la première école qui accueillera jusqu’à 150 élèves, dont de nombreuses femmes.
Ostéopathie, c’est pour les Os ? thérapie de l’os ?
Il faut savoir que l’os, bien qu’indispensable à notre fonctionnement, n’est pas la base de notre construction. Le système osseux termine sa maturation vers 25 ans.
Les fonctions de l’os sont certes de structurer notre architecture mais aussi de fabriquer du sang et de gérer nos stocks de calcium.
Il est faux de concevoir l’os comme le seul responsable de notre architecture. Il est seulement un composant de notre plus grande structure que sont les fascias (ou le tissu conjonctif).
Ainsi, au moment de la conceptualisation de l’ostéopathie, il est à supposer que A. T. Still considéra le système osseux comme un élément qui pouvait être à l’image de notre architecture. La capacité de deux os à se mouvoir peuvent résumer, synthétiser, la compréhension de notre construction et donc de notre fonctionnement, mais en aucun cas l'expliquer entièrement.
J’aime l’interprétation de Pierre Tricot à ce sujet : l’ostéopathie n’est pas en lien avec la maladie de l’os ; elle tente d’appréhender l’os de la maladie, c’est-à-dire qu’elle est à la recherche des fondations de la maladie.
Le terme Ostéopathie ne peut pas résumer la compréhension de la démarche ostéopathique. L’ostéopathie est un système de soin global, holistique, s’intéressant à tous les types de tissus et structures de l’organisme.
A. T. Still dira lui-même que le terme ostéopathie est limité mais qu’il n’a pas trouvé de meilleure appellation…
Mon ostéopathe n’utilise pas les mêmes techniques ; pourquoi y a-t-il autant de façons de pratiquer l’ostéopathie ?
L’ostéopathie n’est pas une technique. C’est une approche de soin manuelle dirigée, organisée, selon des principes de soin. Il n’y a donc pas de techniques ostéopathiques proprement dites mais des principes ostéopathiques.
L’ostéopathe va utiliser des outils issus de la grande famille des thérapies manuelles mais la façon de les utiliser sera caractéristique et respectueux des principes de l’ostéopathie.
Certains ostéopathes ont pu développer, du fait de leur expérience, de nouvelles méthodologies pratiques. Cela n’est qu’une façon particulière de mettre en œuvre les principes ostéopathiques. Comme pour un langage, il peut y avoir des accents ou expressions typiques de certaines régions mais cela reste toujours le même langage.
« Le choix des méthodes doit être décidé par chacun, et dépend de sa propre habileté et de son jugement. Un praticien est droitier, un autre gaucher. Ils choisiront différentes méthodes pour accomplir la même chose. Chaque praticien devrait utiliser son jugement personnel et choisir sa propre méthode pour ajuster tous les os du corps. Le problème n’est pas d’imiter ce que font les autres avec succès mais de ramener un os de la normale au normal. »
A. T. Still
Quelles sont les différentes techniques en ostéopathie ?
Y a-t-il des différences entre elles ?
Il y a deux grandes familles de techniques en thérapie manuelle, et donc en ostéopathie :
Les techniques dites directes :
Le praticien va avoir une action dans le sens de moindre mobilité. Si votre tête tourne plus à droite qu’à gauche, le travail va se faire vers le côté gauche, afin de gagner « directement » de la mobilité.
Cette méthode demande une part très active du praticien.
Concrètement, cela peut ressembler à des étirements, des mobilisations ou bien des techniques dites de « thrust » (anglais, traduit en « poussée dynamique ») ou « HVBA » (Haute Vélocité Basse Amplitude). Dans ces derniers cas, il y a possiblement un bruit articulaire. Ce bruit articulaire n’est pas un craquement. Il est issu de la compression de gaz présent au sein de l’articulation (comme l’éclatement d’une pastille de papier bulle).
« Un homme conseille de tirer tous les os que vous essayez de corriger jusqu’à ce qu’ils « craquent ». Ce « craquement » n’est pas un critère auquel se fier. Les zones ne craquent pas toujours quand ils se remettent en place, pas plus que le craquement ne signifie qu’ils sont correctement ajustés. […] Le patient lui accorde une telle importance qu’il est pour lui la preuve que la correction est réussie. L’ostéopathe ne devrait pas encourager cette idée chez son patient comme étant la démonstration que quelque chose est accompli. »
A. T. Still dans « Recherche et pratique ».
Ce qui suscite l’étonnement ou qui est possiblement déroutant :
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Le geste étant généralement vif, cela peut engendrer un effet de surprise.
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Le bruit et le ressenti du « craquement ».
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Le travail dans le sens de la mobilité réduite peut venir contacter la résistance (« le blocage ») de votre structure et possiblement augmenter la sensation de gène.
Les techniques dites indirectes :
Le praticien va avoir un travail dans le sens de la facilité du mouvement. Si votre tête tourne plus à droite qu’à gauche, le travail se fait vers le côté droit afin de trouver un espace de moindre contrainte, ce qui aura un effet bénéfique sur tous les éléments de l’articulation qui sont responsables du mouvement.
Cette méthode demande une part active minime du praticien.
Concrètement, le praticien n’aura pas de mouvement brusque. On parle souvent de techniques « douces ». Les mouvements sont lents, à la recherche d’un point d’équilibre. Il y a régulièrement des pauses. Cela pourrait être comparable à un funambule qui n’avance pas sur son fil mais réalise des petits mouvements afin de trouver son équilibre et de se stabiliser. Dans certains cas, le praticien semble « ne rien faire » mais, à ce moment-là, c’est le corps du patient qui est au travail : les éléments de l’articulation se régulent délicatement.
Dans la famille des techniques indirectes, il y a des appellations telles que :
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techniques fasciales,
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techniques tissulaires,
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techniques biodynamiques...
Chacune des approches indirectes citées ci-dessus à ses spécificités, mais leur dénominateur commun est de diminuer la force mise par le praticien pour laisser le corps du patient activer ses processus de régulation propre.
« Permettre à la fonction vitale interne de manifester sa puissance infaillible, plutôt que d'appliquer une force aveugle venue de l'extérieur. »
William Garner Sutherland, « La coupe crânienne ».
Ce qui suscite l’étonnement ou qui est possiblement déroutant :
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Le toucher léger qui peut sembler contradictoire avec l’intensité de la contracture ou de la douleur du patient.
L’esprit mécaniste peut parler de la sorte : « Si on vient voir un praticien, c’est pour qu’il passe à l’action », « Je suis très bloqué donc il va falloir forcer pour que ça remarche », « Faut que ça se remette en place »… et pourtant, votre ostéopathe est délicat, léger et même, il peut arrêter de bouger et semble attendre… Ce n’est pas facile à comprendre !!!
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La compréhension de ces approches ne se passe pas dans la réflexion, dans votre mental, mais plutôt dans le ressenti de votre corps. Le but est de SENTIR comment votre corps se remet en mouvement.
Quelle est la technique la plus efficace en ostéopathie ?
L’ostéopathie appartient à la famille des thérapies manuelles. Ses techniques de traitement visent à redonner de la mobilité aux différentes structures anatomique dans le but d’un fonctionnement optimal de celles-ci.
Il me semble qu’aucune technique n’est plus efficace qu’une autre. Le travail de l’ostéopathe ne se résume pas à son habilité manuelle. Le geste thérapeutique de « correction » de vos structures sera le bout d’un chemin complexe fait d’observation, de perception et de réflexion.
"L’ostéopathie est une science, un art, une philosophie."
A.T. Still
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En tant que science, l’ostéopathe est riche de ses connaissances théoriques et de ses expériences passées.
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En tant qu’art, l’ostéopathe peut être vu comme un artisan. Il a la capacité de s’adapter, dans l’instant, aux caractéristiques du patient qui se présente. Chacun est une matière unique de part son histoire, ses activités… et l’ostéopathe se devra d’accorder ses mains, son touché, à cela. C’est du travail sur mesure !
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En tant que philosophie, le vivant, et en l’occurrence le fonctionnement du patient, sera observé et interprété selon les principes ostéopathiques : l’unité du corps, notre aptitude à l’équilibre (homéostasie) et la compréhension des fonctions du corps au travers du mouvement.
Le travail ostéopathique ne se limite donc pas à la technique. Votre ostéopathe devra compulser divers connaissances et habilités, afin de vous rencontrer dans votre spécificité pour vous accompagner.
